RAP - 2009, n° 3/4, Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN, Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre
le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
Le dépôt de pièces de char dans Les tombes
de GauLe beLGique entre Le iiie et Le ier s. aVant J.-c.
Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN
un peu éclipsé par les tombes à char fastueuses
du Hallstatt D3 et de La Tène ancienne, ou par
les tombes de la in de l’âge du Fer - celles de
l’aristocratie trévire (meTzLer et al. 1991), de
l’exceptionnelle sépulture de Boé dans le Lot-etGaronne ; (SCHöNfeLDer 2002) et de verna dans
l’Isère (PerriN & SCHöNfeLDer 2003)- le phénomène
des tombes à char de Gaule Belgique s’inscrit dans
un vaste complexe dont l’extension géographique
est circonscrite entre les vallées de la Seine, de
la Meuse et la haute vallée de l’Escaut. Celle-ci
comprend les ensembles funéraires du groupe de la
Haine (mariëN 1961) et la tombe d’Hordain, qui fait
l’objet d’une présentation liminaire dans cet article
(note 1 et ig. 1).
En Gaule Belgique, le répertoire regroupe
aujourd’hui trente ensembles funéraires (2), ou lots
de pièces, auxquels le qualiicatif « aristocratique » ne
s’applique pas nécessairement et que nous préférons
appeler « tombes privilégiées ». Dans ces ensembles,
ont été déposés des éléments de char, d’attelage, et/
ou des pièces appartenant à l’équipement équestre.
Dans un article paru en 1993, Alain Duval avait
proposé de rectiier l’appellation tombes à char (qui
se référait selon lui aux tombes du Ve s. av. J.-C.) en
tombes à éléments de char dans lesquelles les éléments
sont peu nombreux et le char démonté (DuvaL &
verroN 1993). Du point de vue de la question qui
retient notre attention, à savoir les changements et la
continuité des occupations en Gaule Belgique entre
le iiie et le ier siècle avant J.-C., il paraît inadéquat de
marquer cette distinction. Nous notons simplement
qu’il s’agit de tombes élitaires, dans lesquelles le char
et l’équipement équestre sont bien matérialisés.
1 - Ouvrons ici une parenthèse, pour rappeler l’antériorité
de la pratique de déposer de tels éléments, sélectionnés,
dans les tombes d’individus privilégiés, attestée au
Hallstatt D3/LT A ancienne, dans quelques sépultures
du grand quart nord-ouest de la Gaule (verGer 1995),
et ce, parallèlement aux tombes à char du Ha D et des
incinérations en urnes métalliques d’Armorique, de
Saintonge et du Limousin, comme le montrent par exemple
la découverte du tumulus du Bonethève à Pressignac, en
Charente et d’autres contextes comme Jumilhac-le-Grand
en Dordogne et Ergué-Armel dans le Finistère (Gomez De
SoTo 2007).
Ainsi, vu à travers le iltre des usages funéraires,
le phénomène dégage un caractère unitaire, mais
avec des nuances qu’il convient de souligner. Il
couvre en réalité des pratiques plus hétérogènes
qu’il n’y paraît au premier abord.
Des critères secondaires permettent de proposer
des groupes :
1 - le véhicule a été déposé entier, assemblé ;
2 - ou déposé entier démonté ;
3 - ou déposé partiellement ;
4 - le harnachement a été déposé complet ;
5 - ou partiellement à partir d’éléments sélectionnés ;
6 - il en est de même pour l’attelage.
De nombreuses découvertes sont mal
documentées, parce qu’il s’agit soit de fouilles
anciennes, soit de découvertes fortuites. Dans ces
deux cas, nous ne possédons quasiment jamais
d’informations sur l’agencement de la tombe, son
architecture, son caractère monumental (tab. 1).
La lecture du tableau appelle deux remarques
relatives aux contextes. La première concerne la
chronologie, centrée essentiellement sur les IIIe et iie
siècles avant J.-C. Cette période correspond au passage
de l’inhumation à l’incinération avec quelques cas
de biritualité au sein d’une même nécropole. Les
inhumations avec char, constatées dans les Ardennes,
à Neufchâteau, Sberchamps, Tremblois-lez-Rocroi, et
dans la région parisienne à Roissy-en-France (LejarS
2005), Nanterre (HuberT 1902), Bouqueval (GuaDaGNiN
1978), Plessis-Gassot (GiNoux 2003), sont datées du
deuxième quart du IIIe s. avant J.-C. Toutefois, comme
le démontre l’examen de cas particuliers, le dépôt de
pièces de char se poursuit dans les incinérations datées
du ier siècle avant J.-C. (Léry, Armentières-sur-Ourcq,
Hannogne…).
2 - La très hypothétique découverte de L’Hay-les-Roses
(Val-de-Marne ; PaNTHier & LeCLerC 1931 p. 13 et XII) n’est
pas prise en compte dans la mesure où le contexte est
inconnu, le matériel introuvable ; de même, la découverte
de Mons (Belgique) ne peut être attribuée de façon assurée
à une tombe à char (mariëN 1961, contra SCHöNfeLDer
2002). Enin, autre cas problématique, celui de la tombe de
Pontfaverger "La Wardelle", découverte en 1938 qui entre
dans la série des sépultures multiples dont le dépôt du char
doit, selon J. -J. Charpy, être attribué à une inhumation du
ve siècle avant J. -C. (CHarPy 2003, p. 15-16)
Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
211
RAP - 2009, n° 3/4, Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN, Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre
le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
Me
use
Rh
in
Aa
Yser
Lys
De
nd
re
r
Ru
La Calotterie
Ca
nc
he
Leval-Trahegnies
ut
re
ca Estinnes-au
S a mb
Estinnes-auEs
Mont
Mont
Abbeville
So Bouchon
mm
e
Hordain
Oise
Tremblois-l-Rocroi
Oise
Belboeuf
Pîtres
Léry
Eu
Marcilly
s-Eure
Neufchâteau
Hannogne
Attichy Soissons
ine
Se
Risle
La Maillerayes-Seine
Lacroix-St-Ouen ?
Ourcq
Sberchamps
ne
Ais
Trugny
Pomacle
re
Le-Plessis-G. Roissy-en-F.
Armentières-s-O
Bouqueval
Nanterre
Ve
sl
e
Bouy
Hauviné
Paris
Fig. 1 - Carte de répartition des tombes à char (symbole carré) ou à équipement équestre (symbole arrondi).
en second lieu, en dépit des incertitudes liées
aux circonstances des découvertes, il apparaît
assez nettement que la fonction guerrière n’est pas
systématiquement représentée (3). En témoignent
les exemples de Neufchâteau-le-Sart, tombelle II, où
le char déposé entier est associé à une inhumation
féminine, de même qu’à Bouqueval, t. 11. Pareillement,
les enfants ne sont pas exclus de ce rite si on en juge
par les exemples de dépôt d’un véhicule, démonté
ou partiel, respectivement dans l’inhumation n° 3 de
Bouqueval et l’incinération 4020 d’Hordain.
Sur le territoire de Gaule Belgique, nous
observons deux concentrations régionales de
tombes de guerriers, dans lesquelles, char et cheval
apparaissent liés à cette fonction.
Comme nous venons de le voir, la plus ancienne
apparaît dans des contextes à inhumation de la
première moitié du iiie siècle, dans la moyenne
vallée de la Seine, sur le territoire des Parisii. un
groupe plus récent se rapporte à des contextes à
incinération datés des iie et ier siècles avant J.-C. en
basse vallée de Seine. Il s’agit des ensembles de La
3 - Contrairement aux tombes trévires, plus tardives
(meTzLer 2002).
212
Mailleraye, de Léry "Champ des Corvées" (CLiqueT
& SCHaaff 1990), de Pîtres "La Remise", t. 40 (CerDaN
& CerDaN 1993), et de Marcilly-sur-Eure à quelques
kilomètres de l’oppidum de Fort-Harrouard (DuvaL
& verroN 1993).
Le contenu des tombes dépend des habitudes
régionales. En particulier, le nombre de contenants
céramiques est variable. On relève aussi l’écart
entre le caractère frustre des vases (à l’exception
de l’exemplaire décoré d’Hordain) et la qualité des
dépôts métalliques.
La découVerte d’hordain (nord)
Cette découverte récente, datable de la deuxième
moitié du iiie siècle, est importante à plusieurs titres.
Elle illustre une phase chronologique intermédiaire
entre les inhumations de la première moitié du iiie
siècle et les crémations des iie et ier siècles avant J. -C.
C’est une incinération associée à un véhicule et à un
équipement équestre.
Située à une quinzaine de kilomètres de Cambrai,
la commune de Hordain est implantée sur la rive
droite de l’Escaut à la conluence avec la Sensée,
son premier afluent d’importance. Ces cours d’eau,
dominés par l’imposante fortiication d’Etrun-sur-
RAP - 2009, n° 3/4, Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN, Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre
le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
Localité
Mobilier
Leval-Trahegnies anneaux de rênes,
clavette, tige
Neufchâteau-leSart
Sberchamps
Description
Armes
Sexe
Datation
e
e
Bibliographie
contexte imprécis
?
?
2 quart III s.
Mariën 1961
ibules, agrafes,
collier, 2 vases
inhumation, char
entier assemblé
non
femme
2e quart IIIe s.
Cahen-Delhaye
1997
joug, mors,
phalères, ibule
inhumation, char
entier assemblé
non
?
IIe s.
Cahen-Delhaye
& Hurt 1994
inhumation
épée
mil. IIIe s.
Flouest 1984
char entier
pointe de lance, umbo
Tremblois-lesRocroi.
Les Pothées,
t. 1938
bandages, caisse,
2 mors, couteau,
céramiques
Estinnes-auMont
anneaux, passeguides, céramique
incinération
dépôt partiel
attelage
non
?
IIe-Ier s.
Cahen-Delhaye
et alii 1986
Hordain
3 mors, clavettes,
joug, couteau,
rasoir, ibules,
9 vases
incinération
dépôt partiel :
équipement
équestre,
véhicule, attelage
non
jeune
enfant
et sujet
adulte?
2e moitié IIIe s.
inédit
La Calotterie
t. 604
mors, seau, pince,
forces, rasoir,
anneau, ibule,
2 vases
incinération
dépôt partiel :
équipement
équestre
non
F
IIIe - IIe s.
Blancquaert
2000
clavette
incinération
dépôt partiel :
véhicule
non
?
IIe s. ?
Baray 1998
mors, phalères de
bronze, ibule,
5 céramiques
incinération
dépôt partiel :
équipement
équestre
non
?
IIe s.
Baray 1998
?
?
2e quart IIIe s.
Duval &
Blanchet 1974
lance
?
Ier s.
Blanchet 1983
IIe - Ier s.
Duval 1975
Abbeville t.3
Bouchon t. 25
Attichy
Lacroix-SaintOuen
Belboeuf,
Inglemare
bandages de roue,
anneau de joug,
pièce de ixation
ornée
élément de
harnais, moyeu,
céramique, clef,
pelle à feu.
tombe ?
frettes de roue,
mors, éléments
d’attache ornés de
bovidés
découverte
ancienne
?
?
Pîtres t. 40
mors, anneaux,
pendeloques.
incinération
épée
?
Lery, Champ
des Corvées
rasoir, ciseau,
mors de ilet,
seau, torque
incinération
contexte incertain
épée, lance ?
?
IIe - Ier s.
Cliquet &
Schaaff 1990
épée
umbo
?
2e moitié IIe s.
Duval & Verron
1993
3 épées
5 lances
2 haches
4 umbos
?
IIe s.
Lequoy 1993
non
?
Ier s.
Moreau 1882
Marcilly-surEure
bandages de
incinération
roue, pièces de
suspension, outils,
chaudron
La Mailleraye-s- 6 mors, chenets,
incinération
Seine
trépied, crémaillère,
vases métalliques,
hache, ibule
Armentièressur-Ourcq
anneau de joug,
mors, ibules, anneaux, céramique
Cerdan 1993
213
RAP - 2009, n° 3/4, Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN, Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre
le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
Hannogne
jantes, clavettes,
mors, amphore,
chaudron,
oenochoé, patelle,
ibule, forces
incinération
Soissons
plusieurs chars :
tiges à œillets,
pièces de joug,
oss. animaux
inhumation ?
Hauviné,
La Poterie
fragment de joug
incinération
contexte incertain
bouleversée
Pomacle
2 anses de seau, 1
mors de bride, 3
haches, 1 crochet
Bouy
anneau passe-guide
Trugny
Ier s.
Flouest & Stead
1977
?
?
Ier s.
Schönfelder
2002
non
?
IIe-Ier s.
Roualet 1977
non
?
Ier s.
Fromols 1938
non
?
IIe-Ier s.
Chossenot 1997
douille de lance
incinération
er
harnais, mors,
phalères, éperons
Roissy-en-France bracelet, applique inhumation
en bronze, 1 ibule
en fer, forces
rasoirs, divers
objets (sachet à
amulettes), jet de
coulée de bronze,
2 outils, frettes en
bronze, clavettes
en bronze, petites
pièces ajourées
en bronze, 5
garnitures de
joug, mors,
harnais, offrande
animale, 2 vases
en céramique, un
récipient en bois
et bronze
Iere moitié IIIe s.
Lejars 2005
guerrier
Iere moitié IIIe s.
Lejars 2005
guerrier
Iere moitié IIIe s.
Hubert 1902
Roissy-en-France Ceinturon, peutêtre une cuirasse
en cuir, 2 parures
annulaires, 2
ibules en fer,
1 rasoir en
fer, offrandes
animales (porc),
paire de mors,
joug (passe-guides)
T. 5002
inhumation
épée
char entier
assemblé
lance
contexte imprécis
(2 tombes ?)
joug : anneaux
char entier
assemblé
harnachement,
véhicule et
attelage
véhicule
parure
Déchelette 1914
?
char entier
assemblé
harnachement : 2
mors
I s.
non
T. 1002
Nanterre
214
adulte
épée
bouclier
2 épées
lance
javelot
Olivier et
Schönfelder
2002
RAP - 2009, n° 3/4, Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN, Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre
le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
Bouqueval
harnais de tête et
éléments du char,
2 ibules en fer,
1 amulette en alliage cuivreux ; 2
bracelets (lignite
et bronze)
t. 3
inhumation
non
enfant
2e quart IIIe s.
Guadagnin 1978
non
femme
2e quart IIIe s.
Guadagnin 1978
guerrier
2e quart IIIe s.
Ginoux 2003,
2009
?
IIIe s.
char démonté
Bouqueval
1 ibule en fer ; 1 inhumation
cornière en alliage
cuivreux ajourée, 3 clous en
alliage cuivreux ;
éléments de char
en fer
T. 11
char entier
assemblé
Le Plessis Gassot harnachement : 2
mors, harnais de
tête,
T. 1004
attelage :
6 anneaux de
joug, 1 grand
vase à pied
peint en rouge,
divers matériaux
organiques, 1
fragment de
plaque en fer
inhumation
épée
char entier
démonté,
harnachement,
attelage
lance
bouclier
Paris
aucun contexte
?
clavette, anneau
décoré
Jacobsthal 1944 ;
Duval 1977
tab. i -
escaut, sont considérés comme la frontière entre les
Atrébates, à l’ouest, et les Nerviens, à l’est.
N
0
Tombe
monument 2
des
Cu
ls t
out
nus
Tombe 4022
monument 1
em
in
La nécropole d’une supericie d’environ 2 500 m2
se situe sur le sommet d’un vallon sec, en bordure
du chemin agricole dit "Des Culs tout nus", ancien
itinéraire, attesté depuis le début du Moyen âge.
Elle rassemble 2 monuments funéraires avec tombe
centrale, 17 sépultures et une inhumation dans une
fosse en silo (ig. 2).
10 m
Ch
La découverte de la nécropole laténienne résulte
d’une opération de fouilles préventives menées
conjointement par la Communauté d’agglomération
du Douaisis et l’Inrap en 2005 et 2006 sur la ZAC
Hordain-Hainaut, une plate forme industrielle de
70 ha où de nombreux sites d’habitat s’échelonnant
du Bronze inal au IVe siècle de notre ère ont
également été mis au jour. La restauration des
objets qui vient de se terminer permet de mesurer
aujourd’hui l’importance de la découverte.
Fig. 2 - Hordain (Nord) : plan de la nécropole (Direction de
l’Archéologie, Communauté d’agglomération du Douaisis).
215
RAP - 2009, n° 3/4, Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN, Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre
le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
La structure 4020 (tombe à monument 1) contient,
pour l’heure, la sépulture la plus richement dotée
en offrandes, en particulier un dépôt de pièces de
char et de harnachement.
Le monument 1 est constitué d’un enclos
rectangulaire (longueur : 14 m, largeur : 10,10 m)
circonscrit par un fossé continu et ininterrompu
(L : 80 cm, profondeur conservée : 60 cm) dont le
creusement relativement soigné au proil en V et
à fond en cuvette n’a pas fait l’objet de réfection,
même ponctuelle. Son remplissage, uniforme et
symétrique, ne témoigne pas de la présence d’un
talus bordier.
Dans la partie est de l’enclos, 4 trous de poteaux
alignés sur l’axe nord/sud font face à la tombe,
placée au centre du tiers ouest de l’enclos. Ils sont
espacés d’environ un mètre les uns des autres
parallèlement à l’axe du fossé dont ils sont distants
de 2 m. Cet alignement correspond sans doute à
un aménagement spéciique dont la nature reste
à déterminer (porche, vestiges d’un bâtiment
partiellement conservé ?).
La tombe est une fosse de forme rectangulaire, à
parois verticales (L : 2,10 m, l : 1,80 m, profondeur
conservée : 20 cm) qui ne présentait aucune trace,
même induite, d’aménagement interne tel, par
exemple, un boisage des parois.
Compte tenu de leur extrême fragilité, les
éléments métalliques ont été prélevés en bloc en
vue d’un traitement en laboratoire. Cette opération
a été coniée au laboratoire Conservare à Compiègne
qui a réalisé le dégagement et la restauration des
objets contenus dans ce dépôt.
Dans la fosse, les objets se répartissaient en
deux groupes, disposés autour de l’amas osseux.
Le premier comprenait les éléments d’attelage et de
harnachement : 3 mors, les restes d’un joug et un
ensemble d’une quinzaine de cabochons. Le second
groupe rassemblait un mobilier plus hétérogène : 2
clavettes d’essieu, 3 ibules, un rasoir et un couteau
en fer.
Fig. 3 - Hordain (Nord) : ibules de la tombe 4020 (Cliché
Gilbert NAesseNs, HALMA-IPeL).
Fig. 4 - Hordain (Nord) : mors en fer de la tombe 4020
(Cliché Gilbert NAesseNs, HALMA-IPeL).
Les trois ibules sont typologiquement complètes
(ig. 3). Elles appartiennent au schéma LT. II et
permettent de dater l’ensemble de la seconde moitié
du iiie siècle avant J.-C., voire du début du siècle
suivant. On note la présence assez exceptionnelle
en Gaule du Nord à cette époque, d’une ibule en
bronze. Il s’agit en outre d’un modèle plus évolué
que les deux exemplaires en fer (SuTer 1984).
216
Les trois mors associent d’une part, une paire
identique en fer, recouverts de bronze, que l’on
attribue à l’attelage, d’autre part une pièce en
bronze, dont la forme est différente, que l’on affecte
à un cheval monté (ig. 4-5).
Fig. 5 - Hordain (Nord) : mors en bronze de la tombe 4020
(Cliché Gilbert NAesseNs, HALMA-IPeL).
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le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
Fig. 6 - Hordain (Nord) : fragment de joug décoré, tombe 4020 (Cliché Gilbert NAesseNs, HALMA-IPeL).
Les restes du joug, dont les parties en matériaux
périssables ont disparu, sont exclusivement
métalliques (ig. 6). Ce sont des cabochons à tête
hémisphérique, creuse, en bronze, soudée à des
agrafes en fer, qui étaient, à l’origine, enfoncées
dans le joug en bois. Ces pièces sont de deux
modules différents. Les plus grandes ont un
diamètre maximum de 8 cm, les plus petites
un diamètre de 4 cm. Il s’agit sans aucun doute
d’appliques décoratives dessinant un motif dont
on peut reconstituer partiellement la composition
géométrique à base de chevrons, qui semble
analogue à celle de l’exemplaire retrouvé en position
secondaire dans le secteur de la fortiication de
l’oppidum de Kelheim (Lkr Kelheim) en Allemagne
(HermaNN 1973).
Les deux clavettes d’essieu ont une tête en bronze
en forme de demi-lune ; leur tige courbée, en fer, se
termine par un bouton en bronze (ig. 7). Elles sont
comparables aux exemplaires de La Maillerayesur-Seine en Seine-Maritime (Lequoy 1993) et de La
Tène dans le Canton de Neuchâtel en Suisse (vouGa
1923), deux contextes, l’un funéraire, l’autre non
funéraire, datés de la première moitié du iie siècle
avant J.-C.
L’association du couteau en fer et d’un rasoir de
même métal est classique pour cette période en Gaule
du Nord (ig. 8). On souligne cependant, qu’à l’instar
Fig. 8 - Hordain (Nord) : couteau et rasoir de la tombe
4020 (Cliché Gilbert NAesseNs, HALMA-IPeL).
de l’exemplaire de la tombe 31 de RaillencourtSainte-Olle (Nord), il s’agit d’un couteau de petite
taille muni d’une soie (bouCHe et al. 2007).
Le dépôt céramique se compose de 10 vases
qui étaient répartis en 3 groupes déposés
respectivement, le long de la paroi ouest, au centre
de la paroi nord et dans l’angle nord-est de la fosse.
Le vase 1, à la panse globulaire et au fond à balustre
très court est recouvert par un décor complexe (ig. 9)
réalisé à l’aide d’une molette large dont on connaît
2 exemplaires dans le Douaisis : l’un à Dechy (en
contexte également funéraire) et l’autre à LauwinPlanque dans un contexte d’habitat (inédit).
L’amas osseux était concentré au centre de la fosse
sépulcrale. C’est autour de ce dépôt qu’avaient été
disposés les éléments de char et de harnachement.
Quelques ossements calcinés, plus épars, sont
apparus le long de la paroi sud de la fosse. Il semble
toutefois qu’il s’agisse d’une dispersion accidentelle,
causée par une bioturbation.
Fig. 7 - Hordain (Nord) : clavette de la tombe 4020 (Cliché
Gilbert NAesseNs, HALMA-IPeL).
Les restes osseux représentent un ensemble
de 339 g d’os brûlés dont 25 g sont attribués à
des restes de faune. Quatre-vingt treize grammes
217
RAP - 2009, n° 3/4, Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN, Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre
le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
Le contexte du Plessis-Gassot (second quart du
iiie siècle avant J.- C) est celui d’un petit ensemble
funéraire de 18 tombes. une incinération en urne,
qui appartient à l’un des dépôts les plus tardifs
d’après la forme des vases, réoccupe l’emplacement
d’une tombe à char plus ancienne. La caisse (ou
plateforme ?) du véhicule avait été séparée de
l’essieu mais tous les éléments d’attelage, de
harnais étaient déposés. Il s’agit de la sépulture
d’un guerrier, équipé d’une enseigne et d’une arme
richement ornée. L’architecture funéraire était en
bois et terre, le bâtiment a été démonté avant le
dépôt de l’incinération.
Fig. 9 - Hordain (Nord) : vase 1 de la tombe 4020 (Cliché
Gilbert NAesseNs, HALMA-IPeL). Direction de l’Archéologie.
Communauté d’agglomération du Douaisis.
appartiennent à un sujet adulte d’âge et de sexe
indéterminé et 221 g (c’est-à-dire les deux tiers)
correspondent aux restes d’un enfant de 5 ans (+ ou
– 16 mois). L’âge a été déterminé à partir des germes
dentaires présents (4).
Les tombes du territoire des PARISII
La fameuse tombe à char de Nanterre, dont le
mobilier est conservé par le Musée d’Archéologie
Nationale, témoignerait de l’existence d’un complexe
funéraire plus vaste, orienté sur une terrasse
dominant le cours de la Seine. D’après Henri
Hubert, 4 sépultures, mal documentées, auraient
été sauvées. S’ajoute une découverte attribuée au
iiie siècle, à Saint–Cloud, avec la trouvaille en 1938
au lieu-dit "Les trois Bouillons", d’une épée, d’un
mors et d’une pointe de lance (HuberT 1902).
Selon ce même auteur, le char était accompagné
de plusieurs chevaux, dont aucun ossement ne
subsiste. Les garnitures métalliques du char sont
associées à un joug, aux mors de 2 chevaux, 2 épées
en fer (dont l’une a conservé son fourreau en fer),
2 chaînes de suspension en fer, une pointe et un
talon de lance en fer, ainsi qu’une pointe de javelot
de même métal. Henri Hubert ajoute à l’inventaire
plusieurs objets aujourd’hui perdus : une troisième
épée, ainsi qu’une « chaîne de bronze » qu’il attribue
à « un collier de cheval ». Un lot d’objets, entrés
au Musée en 1902, comprend plusieurs moulages
dont celui d’un des anneaux passe-guides émaillés
du char (dont l’original a été donné au Musée),
un bracelet en bronze, censé provenir de la tombe
à char, et enin un petit ensemble de parures en
bronze. Cet ensemble, homogène du point de vue
chronologique, recouvre à l’évidence le mobilier de
plusieurs dépôts (oLivier &, SCHöNfeLDer 2002).
4 - Identiication Nuria viLLeNa moTa (Direction de
l’Archéologie, Communauté d’Agglomération du Douaisis).
218
à Bouqueval, comme à Roissy-en-France, le
dépôt du char n’est pas nécessairement lié à la
fonction militaire, puisqu’il s’agit dans un cas d’une
femme (tombe n° 11), dans l’autre d’un enfant (tombe
n° 3). Dans la première tombe, les roues du char ont
été démontées. Dans la tombe 3, l’inhumation d’un
enfant reposait sur la caisse d’un char dont les roues
semblent avoir été démontées et posées à plat. Le
mobilier associé aux deux objets ornés comprend : 2
ibules en fer, un bracelet en lignite, 12 phalères, une
« bossette », un anneau, un clou à tête, un élément de
crémaillère en fer, une paire de mors de ilet en fer, 2
clavettes d’essieu, un fragment de bandage de roue
et 8 objets en fer très corrodés et indéterminés.
Les tombes des ardennes et
de champaGne
Au sein du groupe méridional des tombelles
ardennaises, dans la nécropole de Neufchâteau-LeSart (Belgique), Anne Cahen-Delhaye a observé un
exemple de réoccupation d’un lieu funéraire au IIIe
siècle avant J.-C. après un abandon de près d’un siècle
(CaHeN-DeLHaye 1997). Cette deuxième phase de la
nécropole est inaugurée par la tombe double d’enfant
(tombelle I-3), datée du premier tiers du IIIe siècle av.
J.-C. L’interprétation de ce fait par l’auteur est celle
d’une réactivation du lieu par une même population,
ayant conservé les rites et les symboles traditionnels
du pouvoir, comme le dépôt du char à deux roues.
Les tombes dont l’une à char, fouillées en 1938
et 1939 à Tremblois-les-Rocroi (Ardennes), ont été
publiées par J. Fromols en 1955 (fromoLS 1955).
Ces ensembles ont été réexaminés en 1990 par
J.-L. Flouest qui a conclu à l’existence d’une seule
tombe à char de guerrier, peut-être une inhumation,
datée du milieu du iie siècle. L’autre, qui n’a livré
aucune trace de char ni de harnachement, étant une
sépulture plus ancienne, à lit funèbre, caractérisé par
des poignées en bronze coulé, datées du VIe siècle
avant J. C. La forme de la fosse et les aménagements
pour les roues sont rapprochés par l’auteur du
milieu des Ardennes Belges (fLoueST 1990).
mais la tombe la plus richement dotée, et
également la plus tardive, est celle d’Hannogne-
RAP - 2009, n° 3/4, Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN, Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre
le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
Saint-Remy, fouillée en 1961. Dans cette tombe,
les roues du char ont peut-être été démontées. elle
contenait aussi un équipement militaire (fLoueST &
STeaD 1977). La découverte d’Armentières-sur-Ourcq
(Aisne) est sans doute contemporaine ; la relation
ancienne de la trouvaille ne permet toutefois pas
d’afirmer la présence d’un char complet, ou d’un
attelage (moreau 1882). il semble en effet plausible
que dans cette région également, on ne constate
que le seul dépôt de pièces de harnachement au Ier
siècle, si on se fonde par exemple sur la découverte
de Pomacle, "Montève" qui réunissait céramiques,
anses de seau, haches et mors (fromoLS 1938), de
Trugny qui livra mors, phalères, harnais et même
éperon (DéCHeLeTTe 1914). à Bouy "Le Chemin de
Vadenay", c’est un anneau passe-guide qui a été
découvert dans un fossé d’enclos (CHoSSeNoT 1997).
Les tombes de La partie occidentaLe
de La GauLe beLGique
L’ensemble issu de la tombe 604 de La Calotterie
"La Fontaine aux Linottes" (Pas-de-Calais) présente
un bon exemple de l’adaptation, de la mise en
conformité du nécessaire à ablutions, méditerranéen,
avec la tradition gauloise : un bassin et une bouteille
en céramique sont associés à 7 objets métalliques
dont un seau, une paire de forces, un rasoir, et une
ibule, une pince à épiler, un rasoir interprété comme
outil destiné au travail du cuir (bLaNCquaerT 2000).
En revanche, l’interprétation des 2 mors de chevaux
comme emblématiques du statut du fabricant de
harnachements de chevaux peut être discutée. On
note que les mors sont chacun d’un type différent,
indiquant davantage la représentation de chevaux
montés que d’un attelage. Nous avons vu qu’à
Hordain l’attelage est représenté par 2 mors
identiques, le troisième pourrait être celui d’un
cheval monté.
Les découvertes de la vallée de la Somme,
une clavette à Abbeville, un mors et des phalères
à Bouchon (baray 1998) restent encore trop rares
pour être analysées avec pertinence. En revanche,
les pièces d’Attichy (DuvaL & bLaNCHeT 1974) ne
sont pas sans évoquer directement les tombes de la
région parisienne.
Dans la basse vallée de la Seine, également,
l’ancienneté des trouvailles contrarie l’approche
régionale du phénomène. Il semble toutefois que la
présence du char, entier ou démonté, à Belbeuf, La
Mailleraye (Seine-Maritime), ou à Pîtres (Eure), soit
plus fréquente que le simple dépôt des pièces du
harnais.
interprétation
Au sein de ce vaste complexe, on observe
plusieurs situations qui soulèvent la question
des changements et des permanences dans le
peuplement de ces territoires : sur les hauts
plateaux ardennais, apparaît une continuité dans
l’occupation. à Neufchâteau-Le-Sart, comme on
vient de le voir, la nécropole est utilisée, malgré une
interruption au ive siècle avant J.-C. par la même
population, comme le montre la permanence des
rites funéraires.
En région parisienne, on assiste dans le
premier tiers du iiie siècle, à une redistribution du
peuplement, sur un territoire sans doute à faible
densité démographique avec un apport externe,
originaire de l’ouest de la cuvette karpatique (GiNoux
2003, GiNoux 2009 sous presse). Le dépôt du char n’y
est pas nécessairement lié à la fonction guerrière. La
présence de femmes, enfants et adolescents suggère
un statut transmis ou une position dans une lignée,
ou dans un clan guerrier, dans ces petites nécropoles
de « primo-arrivants ».
La situation semble identique dans le Hainaut
Belge, à Leval-Trahegnies où apparaissent à cette
même époque, des éléments d’origine centreeuropéenne, sans antécédent dans le milieu local,
caractéristiques des décors de la seconde phase du
Style plastique (mariëN 1961).
Dans le Cambrésis (Nord ; ig. 10), la séquence
des tombes privilégiées à incinération débute
pour l’instant avec la tombe à char de Hordain, et
se poursuit avec les ensembles de Cambrai ZAC
"Nouveau Monde" fouillés en 2006 (aSSemaT 2007) et
Raillencourt-Sainte-Olle (bouCHe et al. 2007), ces deux
dernières nécropoles n’ayant pas livré d’élément
de char, d’attelage, d’équipement équestre, de
harnachement et quasiment pas d’armement non
plus. Seul un fer de lance pourrait matérialiser la
chasse comme activité aristocratique.
Ainsi, il apparaît nettement que les dépôts liés
au char et à la fonction équestre, phénomène à
première vue unitaire, recouvrent des pratiques
hétérogènes, liées au peuplement et en cela il
s’agit bien d’une illustration supplémentaire des
différentes particularités régionales de Gaule
Belgique, que l’on aurait parfois trop tendance à
considérer comme une seule entité.
219
Es
ca
ut
RAP - 2009, n° 3/4, Nathalie GiNoux, Germaine LemaN-DeLerive & Christian SeveriN, Le dépôt de pièces de char dans les tombes de Gaule Belgique entre
le IIIe et le Ier siècle avant J.-C.
Hordain
Etrun
Raillencourt-S-Olle
Cambrai
ABG
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Nathalie GINOUX, INRAP / CNRS UMR 8164 – HALMA-IPEL (CNRS, Lille 3, MCC).
Germaine LEMAN-DELERIVE, CNRS UMR 8164 – HALMA-IPEL (CNRS, Lille 3, MCC).
Christian SEVERIN, Direction de l’Archéologie, Communauté d’agglomération du Douaisis.
résumé
La découverte à Hordain (Nord) d’une tombe contenant un lot de pièces de char, d’attelage (en particulier
un joug décoré) et de harnachement a permis de faire le point sur un rite funéraire fréquemment observé dans
le nord de la Gaule entre le iiie et le ier s. avant J.-C., à savoir le dépôt de pièces de char. Si elle n’est pas liée
systématiquement à une fonction guerrière, cette coutume constitue en revanche un critère de différenciation
entre les différents peuplements de la Gaule Belgique.
Mots clefs : char, harnachement, joug, incinération, inhumation, peuplement, Gaule Belgique.
abstract
The discovery at Hordain (Nord) of a grave with a set of chariot and harness parts (in particular a decorated
yoke) enables us to give an account of a type of burial rite frequently attested in northern Gaul, i.e. the offering
of chariot parts. Even if this custom is not necessarily indicative of a warrior status, it is nevertheless a criterion
by which the various tribes of Gallia Belgica may be distinguished.
Key words : chariot, harness, yoke, cremation, inhumation, tribes, Gallia Belgica.
Traduction : Margaret & Jean-Louis CADOuX
Zusammenfassung
Die Entdeckung in Hordain (Departement Nord) eines Grabes mit Teilen von einem Wagen, einem
Wagengespann (insbesondere eines verzierten Jochs) und Pferdegeschirr hat es erlaubt, einen Bestattungsbrauch
zu erörtern, der im Norden Galliens zwischen dem 3. und dem 1. Jh. v. Chr. oft beobachtet wird, nämlich
die Deponierung von Wagenteilen. Obwohl er keinen systematischen Bezug zu einer kriegerischen Funktion
aufweist, so stellt dieser Brauch doch ein Unterscheidungsmerkmal der Völker der Gallia Belgica dar.
Schlüsselwörter : Wagen, Pferdegeschirr, Joch, Brandgrab, Körpergrab, Besiedlung, Gallia Belgica.
Traduction : Isa ODeNHARDT-DONVeZ (donvezservit@wanadoo.fr).
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